LE CORBEAU BLANC
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LES
FLEURS DU NORD de Valérie Harvey
Je vais
vous présenter un immense coup de cœur. Lorsque j'ai commencé ce roman je ne
pensais en aucun cas que j'allais l'apprécier à ce point. Le roman se compose
de trois chroniques distinctes comme s'il s'agissait de trois tomes
différents: l'embrasement du guerrier, la fureur ardente et la dernière flamme.
Je vais donc commencer par donner un avis global sur le livre, puis détailler
les trois différentes chroniques. Si vous n'avez pas lu le livre en entier, je
vous conseille de vous en tenir à l'aspect général et la description de la
première chronique.
Derrière
chaque grand homme, se trouve une femme. Une femme de caractère possédant l'audace
d'un guerrier et le savoir d'un grand sage. Ces femmes s'appellent Aki,
Midori... Et elles règnent sur le cœur de leurs amants comme ils règnent
eux-même sur leur royaume ; avec douceur et justesse. Rien n'arrête ces
femmes libres et indépendantes, ni les ennemis, ni les règles ancestrales,
ni même l'amour. Leur destinée leur appartient. Quelle flamme audacieuse brûle
dans ces regards rebelles ! Une flamme qui devient feu et détruit tous les
obstacles qui se dressent sur son passage.
Je vais
tout d'abord vous partager le résumé de l'auteure, puis un extrait de chacune
des chroniques, qui me paraissent représenter au mieux l'ambiance de chacune
d'entre elles.
Sur
une île aux allures japonaises, la famille Kagi gouverne les monts Sounkyô de
génération en génération. Dernier héritier du pouvoir du feu, Tatsuké tente de
préserver la paix en faisant la guerre. Mais l'amour pour une femme forte,
combattante et guérisseuse, venue d'un pays lointain, chamboule son destin.
Au fil
de trois chroniques, le désir et les combats déchirent la famille Kagi.
Combinant romantisme, action et exotisme, le roman présente des femmes qui
osent secouer les normes et les grands hommes qui les épaulent. Ruse, magie et
savoir sont mis à profit dans un climat évoquant l'univers du manga.
J'ai
choisi ces extraits car je pense qu'ils représentent aux mieux les chroniques
qui leur sont associés.
Le
premier extrait est issu du chapitre quatre de la première chronique. La
courageuse guérisseuse Midori s'est installée aux monts Sounkyô dirigés par le
dernier porteur du pouvoir du feu Tatsuké. Alors que les hommes de Hiro Noda
tiennent en otage Manzo, un des guerriers du Kurodaké, Midori s'approche
discrètement de lui dans son dos. Elle sauve ainsi la vie du soldat, prouvant
que son entraînement au combat avec Tatsuké a fait d'elle un membre à part
entière de leur peuple.
« A
ce moment-là, elle savait qu'elle ne pouvait faire quelque chose, puisqu'on ne
soupçonnait pas sa présence. Elle avait pris son kodachi et s'était sournoisement
glissée derrière le guerrier. Elle avait réussi à sauver une vie grâce à ses
talents... Alors elle apprendrait à être meilleure. Pour elle-même et pour
Tastuké. Elle ne voulait plus jamais être vulnérable. »
Le
deuxième extrait est issu du chapitre quatre de la deuxième chronique. Aki
prend la décision de rester avec Kôji au Kurodaké et de montrer son potentiel
de guerrière.
« Elle
hocha la tête et constata :
-Les
monts Sounkyô, c'est la seule zone libre de cette grande île. Avec un chef qui
n'est ni un roi, ni un empereur.
-Notre
vie est simple mais dangereuse. Je n'accepte que les meilleurs guerriers, ceux
qui ne craignent pas les vastes territoires.
Aki se
tourna vers lui :
-Et je
mérite d'en faire partie ?
Kôji
lui prit la main :
-Plus
que cela : c'est ton héritage. Ici, tu n'auras personne à flatter pour
obtenir quoi que ce soit. On respecte le guerrier qui sait se battre. Je
connais ta valeur au combat, mais les autres vont s'en rendre compte
aussi. »
Le
troisième extrait est issu du chapitre deux de la troisième chronique. Je ne
veux pas vous en dire plus pour ne pas divulguer des indices qui pourraient
entacher votre lecture.
« Aki
devint plus consciente de cette proximité avec un homme qui l'avait aimée, un
combattant qui l'avait embrassée avec passion quelques jours auparavant. Ce
seul souvenir la réchauffa et l'empêcha de dormir. Elle resta longtemps
éveillée contre le corps du guerrier blond, tourmentée par ce désir qu'elle ne
voulait pas éprouver. »
Avant
chaque chronique, un épigraphe sous la forme d'un proverbe japonais est
introduit. Il résume la chronique et permet d'en extraire une morale. Les
chroniques illustrent ces proverbes et permettent de comprendre le message que
l'auteure dissimule au cœur de ses pages. J’insère ces
épigraphes en début de mon avis sur chacune des trois chroniques.
Valérie
Harvey nous immerge dans un univers fantastique empreint du style manga et de
la culture japonaise. La plume de l'auteure, avec des descriptions détaillées
et des scènes d'action abruptes, alimente l'histoire d'une tension fiévreuse et
d'une énergie guerrière. Le rythme rapide et les nombreuses ellipses en font un
véritable récit initiatique et introspectif. Ce roman ponctué de scènes de
combats épiques et de romances rappelle aux lecteurs la force de l'amour et de
la communauté, et l'importance du savoir. LES FLEURS DU NORD met en avant des
femmes fortes qui se hissent à des postes d'hommes et qui prennent leur destin
en main malgré la pression d'une société patriarcale. Cet écrit est un éloge
féministe, que les femmes soient de redoutables guerrières ou de simples
guérisseuses, elles doivent avoir le choix de mener une vie qui leur convient
et de se battre pour ce qu'elles aiment.
Au cours
des chroniques, les personnages se succèdent sous les yeux du lecteur. Une
véritable lignée de guerriers et de guerrières qui sont tous plus attachants
les uns que les autres. Les interactions entre les personnages sont à
la fois frustes et touchants, tout comme l'amour et la confiance qui règnent
entre les membres de cette famille. Je me suis très attachée à cette lignée et
ses membres, j'aurais aimé qu'il y ait plus de chroniques pour que l'on puisse
découvrir tous les personnages. Il est vrai qu'une chronique supplémentaire sur
les aventures des guérisseurs : les jumeaux Kyôichi et Kotaro Kagi et leur
oncle Naoki Kiyoki.
J'ai
apprécié Midori Kiyoki et sa fille Aki pour leur côté indépendant et rebelle.
Si l'une déborde de tendresse, l'autre se protège constamment de son armure que
cela soit physiquement ou mentalement. Mais elles se battent toutes deux dans
un même objectif l'amour, l'amour des leurs et leur terre. Et l'espoir d'une
paix inébranlable dans futur meilleur.
Appréciant
énormément la culture asiatique, en particulier japonaise, j'ai de suite été
prise dans cet univers. D'autant plus grâce à la présence du style manga dont
je raffole. J'aime les morales et les valeurs qui se dégagent des différentes chroniques.
Valérie Harvey nous enseigne des leçons de vie qui, dans leur
compréhension, œuvrent à rendre le monde meilleur. Tous les
ingrédients sont présents dans ce roman : du fantastique, des batailles
épiques, de la romance, des femmes fortes, un univers manga aux
valeurs traditionnelles japonaises...
Pour
accentuer la tension épique, j'ai écouté en lisant LES FLEURS DU NORD, les
compositions musicales de l'orchestre TWO STEPS FROM HELL, en particulier
l'album Skyworld que vous pouvez retrouver sur la plateforme Youtube. Je vous
partage les noms des musiques que j'ai écouté en lisant ce livre :
Winterspell, Blackheart, El Dorado, For the win. Je vous conseille fortement,
pour tous ceux qui aime associer des musiques à leur lecture, de prendre le
temps de les écouter. Elles donnent une toute autre dimension au roman.
Je
recommande ce roman à tous ceux qui aime l'univers japonais - ce livre est un
compromis pour ceux qui aime lire des mangas et qui désirent se mettre à lire
des romans – et à toutes celles qui aiment suivre les aventures de femmes
guerrières au caractère bien trempé!
Auriez-vous
la force de vous opposez à la flamme audacieuse de ces guerrières
indomptables ?
L'embrasement du guerrier
Proverbe
japonais : « La bougie ne perd rien de sa lumière en la
communiquant à une autre bougie. ».
Midori
veut se venger du noble Hiro Noda, qui a massacré sa famille et son village,
pour cela elle tente de le tuer sans succès. L'ignoble guerrier cherche à lui
ôter la vie en représailles de sa vaine tentative mais est arrêté par
Tatsuké Kagi, dernier héritier du pouvoir du feu. Ce dernier recueille alors la
jeune femme aux monts Sounkyô, dont il est le commandant, et lui apprend à se
battre. Cependant leur relation n'est pas seulement celle d'un maître et de son
élève, et lorsque Hiro Noda tente de reprendre ce qu'il convoite, il
se pourrait qu'il trouve la faiblesse de Tatsuké : Midori.
L'extrait
suivant est issu du chapitre quatre de cette chronique.
« Midori,
sous la pression des autres, alla combattre Tatsuké. Elle se mit en position et
lui sourit.
-Midori!N'essaie
pas de déconcentrer Tatsuké ! Cria Sôjiro.
Tous
les autres rirent de la boutade.
-Si je
pouvais, je le ferai sûrement. Tous les moyens sont bons ! Mais il n'a
aucune pitié pour moi ! Répondit-elle moqueuse.
-Tu
n'en as pas besoin ! Dit Tatsuké en l'attaquant.
Les
mouvements s'enchaînèrent, rapides et violents. Ces trois mois de rencontres
quotidiennes avaient donné des résultats : Tatsuké et Midori se connaissaient
si bien qu'ils anticipaient les gestes de l'autre. Midori savait comment éviter
une attaque qui l'aurait blessée, mais, en revanche, elle revenait sans cesse à
la charge pour déséquilibrer son adversaire et l'atteindre. Le combat
s'éternisa sous les yeux médusés des hommes. Enfin, Tastuké ajouta un
croche-pied à un mouvement habituel, bascula Midori au sol et l'immobilisa sous
les applaudissements du groupe. »
Cette
première chronique est notre porte d'entrée dans ce monde fabuleux. Le décor
merveilleux est planté au cœur des paysages idylliques des monts Kôgi :
les montagnes, les forêts, les lacs... Elle nous plonge dans les manœuvres
stratégiques de Tatsuké qui tente de repousser les ennemis dirigés par le noble
Hiro Noda. A ces combats s'ajoute la romance de Tatsuké et Midori. Les
personnages sont exposés. Des personnages dont nous allons découvrir les forces
insoupçonnées et les failles occultes.
Les
personnages présentent tous des caractéristiques différentes, ce qui permet de
diversifier l'histoire, en apportant des profils divergents qui s'unifient sous
nos yeux. Le couple de personnages principaux sont Midori et Tatsuké. Tatsuké,
responsable des monts Sounkyô, et dernier héritier du feu de la famille Kagi.
Tatsuké, au le courage sans faille croisé d'audace, d'assurance et de
compassion. Midor, quant à elle est une jeune femme au caractère fort, qui
suite à la destruction de son village, se réfugie au Kurodaké et apprend à se
défendre pour ne plus jamais se sentir impuissante.
J'ai
beaucoup aimé cette première chronique, que cela soit pour l'histoire,
l'ambiance, les scènes de combat ou la
relation qu’entretiennent Tatsuké et Midori. J'ai adoré la manière
dont Midori a su se faire respecter par les guerriers à l'aide de son courage
et de sa détermination. Cette première chronique promet de belles aventures à
venir !
Proverbe
japonais : « Le bon jour pour faire quelque chose, c'est le
jour où on l'a décidé. »
Aki Kagi,
fille du révéré Tatsuké et de Midori, ne veut pas se marier à un noble de la
capitale et finir ses jours vêtu d'un kimono qui entraverait le moindre de ses
mouvements. Son rêve est d'intégrer la troupe du Kurodaké et de combattre à
leur côté, surtout qu'elle se trouverait alors aux côtés du beau Kôji. Et si
son vœu était-il sur le point de se réaliser ?
L'extrait
suivant est issu du chapitre trois de cette chronique.
« Elle
leva son bras vers la lumière de la lune pour observer la plaie, puis elle
déchira d'un coup sec une partie abîmée du haut de son hakama. Kôji lui prit la
main :
-Laisse-moi
panser cela.
Il
serait plus efficace qu'elle et elle le laissa faire, observant ses gestes
délicats quand il versa un peu d'eau sur la plaie, puis il mit un bandage. Il
fit le nœud très lentement, comme s'il voulait prolonger le contact. Quand
elle le vit la regarder, les mots sortirent de sa bouche avant même qu'elle n'y
pense :
-Retiens-moi,
Kôji. »
Dans
cette deuxième chronique, nous suivons les pas d'Aki, fille de Tatsuké et
Midori. Nous revenons dans les paysages connus du Kurodaké, avec des guerriers
que nous connaissons bien, et un ennemi menaçant. L'histoire se répète et ne
nous lasse pas, car cette guerrière au pouvoir de feu est une redoutable
combattante.
J'ai aimé
suivre les aventures de la descendance de Tatsuké et Midori. J'ai préféré cette
chronique à la première pour la force et l'audace d'Aki, qui un personnage très
attachant. De même que j'ai apprécié la relation conflictuelle mais pleine de
rebondissement d'Aki et son homologue Jirô. J'attendais alors impatiemment de
savoir qui sera le personnage dont nous suivrons les aventures dans l'ultime
chronique.
Le
proverbe japonais associé à cette troisième chronique est « Le
malheur peut être un pont vers le bonheur. ».
Après la
mort de Kôji, Aki inconsolable devient commandante du Kurodaké. Elle veille à
ce que l'ennemi soit repoussé, tout en jouant son rôle de mère auprès de ses
deux enfants privés de père. Mais lorsque la menace plane de nouveau sur ses
terres, elle décide de s'allier à son ancien partenaire, Jirô Samizu,
descendant des héritiers de l'eau devenu le bras droit de son père Tatsuké.
Pour cela, ils doivent se rendre sur Ossa, en se faisant passer pour un couple,
et affronter tous les obstacles qui se dressent sur leur chemin.
L'extrait
suivant est issu du chapitre quatre de cette chronique.
« Le
capitaine tenait la barre du mieux qu'il le pouvait, mais il était impossible
de s'orienter dans cette mer noire qui grondait. Aki avait avalé une quantité
incroyable d'eau salée.
Jirô
se sentait, au contraire, extraordinairement vivant. Pour une fois, il savait
qu'aucun humain ne pouvait influencer cette situation : seule la mer
déciderait de leur sort. En voyant la beauté de son élément, sa rage sauvage et
en humant son odeur, il avait compris à quel point elle lui avait manqué. Il
l'avait encore dans le sang.
-Esker
Mila Thalassa ! Cria-t-il. »
Cette
dernière chronique est clairement ma préférée. D'une part, car l'on perçoit les
faiblesses d'Aki, mais aussi parce qu'on la voit évoluée et grandit. Le passage
qui m'a le plus marqué est le combat final où la famille Kagi est au complet.
Elle nous montre la force de l'amour d'une famille.
Ainsi se clôt ce formidable voyage. J'avoue avoir été surprise que la
dernière chronique porte encore sur Aki. J'aurais préféré suivre l'aventure de
ses frères jumeaux. Mais en la lisant, je n'ai pas été déçue, loin de là !
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