LE CORBEAU BLANC et LES YEUX DE LA LOUVE
deux lectrices, deux visions
deux lectrices, deux visions
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J'ai
récemment découvert le roman EMMURÉES d'Alex Bell. Il m'a transporté au fil de
ses pages, si bien que je n'ai pu me résoudre à quitter son univers le lisant
en deux jours seulement.
Après le
tragique accident de son meilleur ami Jay, Sophie soupçonne qu’il puisse être
lié à la mort mystérieuse de sa cousine Rebecca. Pour Jay, elle doit comprendre
ce qu’il s’est passé. Pour cela, elle décide de percer les secrets qui pèsent
autour du drame familial en se rendant dans la demeure de son oncle, une
ancienne école reconvertit en habitation. Théâtre de drames au fil des
générations, sa malédiction menace de s’abattre sur l’oncle et les cousins de
Sophie. Cette étrange famille qu'elle connaît à peine et qui ne s'est jamais
vraiment remise du terrible trépas de Rebecca. Si la vertueuse Piper se révèle
être d'une beauté semblable à celle d’une sirène, nul ne peut oublier que ces
créatures mythiques recèlent une part sombre. Une noirceur qui semble
régner sur la sinistre Lilia, effrayée par son propre squelette et ses visions,
et sur le taciturne Cameron dont les accès violents n'épargnent pas sa sœur
aînée. Sur cette maison perchée sur des falaises abruptes, de lourds souvenirs
pèsent. Des réminiscences qui ravivent de sombres forces surnaturelles. Qu'en
est-il de ces épouvantables poupées contenues dans la chambre condamnée de la
défunte Rebecca ? Quelles sont ces voix qui chuchotent des propositions
macabres ? Mais surtout comment Sophie pourra-t-elle survivre à ces
puissances maléfiques qui la dépassent?
Je vais
tout d'abord vous partager le résumé de l'auteur, puis deux extraits qui me
paraissent représenter au mieux l'ambiance de ce livre.
"Je passe
mes vacances dans un lieu de rêve :
un vieux manoir écossais.
Un vieux
manoir qui était auparavant
une école pour filles
où ont eu lieu de tragiques
« accidents ».
Mes cousins sont charmants :
Cameron est
taciturne,
Piper est un peu trop parfaite,
Lilia a une étrange phobie des os, même des siens.
Et puis il y a Rebecca.
Rebecca dont la chambre est remplie
de
vieilles poupées.
Rebecca qui est morte.
Rebecca qui est de retour par ma
faute.
Venez
jouer à la poupée...
Au péril de votre vie."
Les deux
extraits suivants m'ont causés des frissons d'effroi et témoignent du
merveilleux style fluide et simple de l'auteur.
Ce
premier extrait se trouve à la fin du prologue du roman et plante l'atmosphère
angoissante qui monte crescendo tout au long du texte narratif. Ce passage,
digne d'un film d'horreur ou d'une affaire des célèbres Warren, se révèle être
mon favori. Tous les éléments horrifiques sont présents : des jeunes
filles pour le moins angoissantes, des poupées maléfiques...
« Elle
prit Martha par la main et la tira derrière elle, titubante, jusqu'au carré
d'herbe ensoleillé où jouaient ses camarades. Lorsqu'elle arriva, elle
découvrit cependant que les fillettes ne cousaient pas des robes pour les
poupées : elles leur confectionnaient des linceuls et les avaient disposés sur
les poupées comme si c'étaient des cadavres. Certaines construisaient même des
croix avec des brindilles.
- Qu'êtes vous en train de faire ? demanda la directrice.
Les élèves levèrent la tête vers elle.
- Nous organisons un enterrement pour les Frozen Charlotte, mademoiselle Grayson.
- Arrêtez immédiatement, ordonna l'enseignante. Je n'ai jamais rien entendu de
si macabre.
- Mais, mademoiselle Grayson, répondit l'une des jeunes filles, elles aiment
être mortes. C'est elles qui nous l'ont dit. »À peine l'eus-je touchée que je retirai ma main aussi vite que possible, le souffle coupé : la porte était glaciale sous mes doigts. Néanmoins, ce ne fut pas seulement le froid qui me choqua, mais le mal pernicieux qui semblait émaner de la pièce condamnée. Je n'avais pas de mots pour décrire cette sensation, cela aurait été incompréhensible si j'avais tenté de l'exprimer, mais c'était sinistre, horrible, malveillant, et cela me mettait mal à l'aise. »
Le second
extrait se trouve à la fin du deuxième chapitre, lorsque Sophie découvre le
manoir de son oncle après son arrivée sur l'île. J'apprécie considérablement la
justesse des sentiments et des pensées du personnage principal. L'auteure donne
véritablement vit à son œuvre.
« Je restai immobile quelques secondes, avant de me retourner
lentement vers la porte fermée de la chambre de Rebecca. Je m'en approchai et
m'arrêtai devant. Puis je tendis la main pour effleurer la porte du bout des
doigts.
À peine l'eus-je touchée que je retirai ma main aussi vite que possible, le souffle coupé : la porte était glaciale sous mes doigts. Néanmoins, ce ne fut pas seulement le froid qui me choqua, mais le mal pernicieux qui semblait émaner de la pièce condamnée. Je n'avais pas de mots pour décrire cette sensation, cela aurait été incompréhensible si j'avais tenté de l'exprimer, mais c'était sinistre, horrible, malveillant, et cela me mettait mal à l'aise. »
À peine l'eus-je touchée que je retirai ma main aussi vite que possible, le souffle coupé : la porte était glaciale sous mes doigts. Néanmoins, ce ne fut pas seulement le froid qui me choqua, mais le mal pernicieux qui semblait émaner de la pièce condamnée. Je n'avais pas de mots pour décrire cette sensation, cela aurait été incompréhensible si j'avais tenté de l'exprimer, mais c'était sinistre, horrible, malveillant, et cela me mettait mal à l'aise. »
Comme
vous avez sans nul doute pris conscience, EMMURÉES nous plonge au cœur d'une
atmosphère angoissante. Alex Bell choisit chacun des termes qu'elle emploie
avec soin pour produire un véritable décor horrifique. L'intrigue est menée
d'une main de maître, l'ascension graduelle de la tension dramatique induit le
lecteur dans une véritable transe littéraire. Les descriptions parlent
d'elles-même permettant une véritable visualisation et une perception d'une
atmosphère particulièrement sinistre et presque palpable. Le manoir se dresse
devant nos yeux avec à ses fenêtres des personnages complexes et torturés qui
donnent une dimension psychologique transcendant notre esprit. Les personnages
sont recherchés et leur portrait psychologique approfondi et déployé à
l'extrême pour offrir une réalité des travers humains. Les symboles foisonnants
renvoient à une culture de l'horreur avec des poupées maléfiques, des fantômes
et des parties de jeux macabres. Le roman est intéressant dans l'exposition des
conséquences du passé sur le présent et de leurs impacts sur un futur qui entre
de concert avec une certaine fatalité.
Abordons
le sujet de notre personnage principal ; une adolescente déterminée se
nommant Sophie. Sophie doit affronter la perte d'un proche et l'apparition de
phénomènes inexplicables. N'importe qui se serait laissé abattre, mais le
courage et l'audace de Sophie en font un personnage exceptionnel qui décide de
relever tous les défis qu'elle rencontre. Elle évolue avec clarté dans cette
nouvelle réalité qui s'offre à elle, et malgré la noirceur qui tente de
posséder son esprit, son empathie et sa gentillesse se montrent triomphantes.
Le roman étant écrit à la première personne, le lecteur est en immersion dans
les pensées et les réflexions de Sophie. En ce qui me concerne, j'ai vivement
apprécié ce personnage, sa ténacité et son courage m'ont inspirés, d'autant
plus que je me suis à plusieurs reprises reconnue en elle.
Je
souhaite également évoquer le personnage qui m'a le plus touché ; Lilia.
Cette jeune fille élevée par son frère dans l'ombre d'une sœur décédée voit ce
que les autres ne font que percevoir. Son ouverture d'esprit et sa clairvoyance
ne l'abstiennent pas de devoir affronter ses démons intérieurs. La psychologie
de ce personnage est remarquablement recherchée, notamment dans la perception
de son corps qu'elle qualifie de « squelette maléfique ». Malgré sa
souffrance elle tente l'absolu pour trouver un équilibre et rassembler les
pièces du puzzle afin de comprendre les mystères qui l'entourent. Le personnage
de Lilia m'a saisi et sa souffrance émue.
J'ai été
totalement prise dans l'univers créé par Alex Bell et son jeu de piste macabre.
Ce que j'ai le plus apprécié est la dimension visuelle du livre rendue possible
par le style de l'auteure. Lorsque j'ai lu ce livre, je voyais les scènes se
dessiner devant mes yeux avec précision et je concède être déçue qu'il n'en
existe pas d'adaptation cinématographique. Le contenu de ce roman m'a rappelé
certains films d'horreur tels que les affaires Warren, mais aussi la série
télévisée THE HAUNTING OF HILL HOUSE. J'ai d'ailleurs lu l'intégralité du texte
narratif sur un fond musical des Newton Brothers, à savoir les compositeurs des
musiques originales du film OUIJA : THE ORIGINS OF EVIL et de la série THE HAUNTING OF HILL HOUSE.
Pour
conclure, je recommande fortement ce livre à tous les amateurs d'histoires
d'horreur. Il m'a été moi même vivement conseillé par ma mère. Des frissons et
des nuits blanches en perspective, vous ne ressortirez pas indemne de cette
lecture.
J'ai lu ce roman en début d'année, juste après les fêtes, en très peu de temps tant l'histoire est intrigante et addictive. Je l'ai alors très vite conseillé à mes deux filles sachant d'avance que ce roman ne pourrait que leur plaire... Et ce fût le cas ! Elles l'ont dévoré, à tour de rôle, en très peu de jour.
EMMURÉES est une histoire d'horreur paranormal non sanglante -un genre que j'apprécie particulièrement- qui débute par un très court "prologue" retraçant une scène d'enfants jouant à la poupée qui se passe en 1910. Puis, très rapidement, nous nous retrouvons propulsé dans un café en compagnie de deux jeunes, Sophie et Jay, qui jouent avec une application ouija sur un téléphone portable ...et là, tout va basculer...
Mais ne vous méprenez pas, il n'est question que d'une infime partie du décor ! Juste un début et une ambiance qui va considérablement changer au fil des pages, rendant l'histoire bien plus sombre et angoissante.
J'ai beaucoup apprécié être dans le vif du sujet dès les premières lignes d'autant plus que jusqu'à la fin la tension règne. Je n'ai pas ressenti de moment de répit. Même les scènes les plus anodines renferment une atmosphère inquiétante.
En plus de créer un paysage morne, l'auteure a su amener une complexité relationnelle oppressante entre les personnages, les rendant ainsi à la fois déroutants et attachants.
Bien que l'histoire soit assez courte, environ 341 pages, je n'ai pas eu le sentiment qu'elle n'allait pas en profondeur. Toutefois, le dynamisme est de mise dans ce roman. Il a pour but de nous donner des frissons, nous angoisser, aussi les détails contextuels restent assez sobres mais, à mon sens ils sont bien assez suffisants pour ressentir les émotions des personnages, la vision du décor et des paysages.
En conclusion, cette lecture est pour ma part, un coup de cœur. Elle a su me captiver, me faire palpiter du début à la fin. J'ai passé un super moment en sa compagnie. J'avoue que la façon dont l’auteure a manié cette histoire me donne fortement envie de découvrir son dernier roman WATERWITCH.
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