EMMUREES

By les lectures arc en ciel - août 11, 2019



LE CORBEAU BLANC et LES YEUX DE LA LOUVE
deux lectrices, deux visions

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J'ai récemment découvert le roman EMMURÉES d'Alex Bell. Il m'a transporté au fil de ses pages, si bien que je n'ai pu me résoudre à quitter son univers le lisant en deux jours seulement.

Après le tragique accident de son meilleur ami Jay, Sophie soupçonne qu’il puisse être lié à la mort mystérieuse de sa cousine Rebecca. Pour Jay, elle doit comprendre ce qu’il s’est passé. Pour cela, elle décide de percer les secrets qui pèsent autour du drame familial en se rendant dans la demeure de son oncle, une ancienne école reconvertit en habitation. Théâtre de drames au fil des générations, sa malédiction menace de s’abattre sur l’oncle et les cousins de Sophie. Cette étrange famille qu'elle connaît à peine et qui ne s'est jamais vraiment remise du terrible trépas de Rebecca. Si la vertueuse Piper se révèle être d'une beauté semblable à celle d’une sirène, nul ne peut oublier que ces créatures mythiques recèlent une part sombre. Une noirceur qui semble régner sur la sinistre Lilia, effrayée par son propre squelette et ses visions, et sur le taciturne Cameron dont les accès violents n'épargnent pas sa sœur aînée. Sur cette maison perchée sur des falaises abruptes, de lourds souvenirs pèsent. Des réminiscences qui ravivent de sombres forces surnaturelles. Qu'en est-il de ces épouvantables poupées contenues dans la chambre condamnée de la défunte Rebecca ? Quelles sont ces voix qui chuchotent des propositions macabres ? Mais surtout comment Sophie pourra-t-elle survivre à ces puissances maléfiques qui la dépassent?

Je vais tout d'abord vous partager le résumé de l'auteur, puis deux extraits qui me paraissent représenter au mieux l'ambiance de ce livre.




"Je passe mes vacances dans un lieu de rêve : 
un vieux manoir écossais. 
Un vieux manoir qui était auparavant 
une école pour filles 
où ont eu lieu de tragiques « accidents ». 

Mes cousins sont charmants : 
Cameron est taciturne, 
Piper est un peu trop parfaite, 
Lilia a une étrange phobie des os, même des siens. 

Et puis il y a Rebecca. 
Rebecca dont la chambre est remplie 
de vieilles poupées. 
Rebecca qui est morte. 

Rebecca qui est de retour par ma faute.

Venez jouer à la poupée... 
Au péril de votre vie."

Les deux extraits suivants m'ont causés des frissons d'effroi et témoignent du merveilleux style fluide et simple de l'auteur.

Ce premier extrait se trouve à la fin du prologue du roman et plante l'atmosphère angoissante qui monte crescendo tout au long du texte narratif. Ce passage, digne d'un film d'horreur ou d'une affaire des célèbres Warren, se révèle être mon favori. Tous les éléments horrifiques sont présents : des jeunes filles pour le moins angoissantes, des poupées maléfiques...

« Elle prit Martha par la main et la tira derrière elle, titubante, jusqu'au carré d'herbe ensoleillé où jouaient ses camarades. Lorsqu'elle arriva, elle découvrit cependant que les fillettes ne cousaient pas des robes pour les poupées : elles leur confectionnaient des linceuls et les avaient disposés sur les poupées comme si c'étaient des cadavres. Certaines construisaient même des croix avec des brindilles.
- Qu'êtes vous en train de faire ? demanda la directrice. Les élèves levèrent la tête vers elle. - Nous organisons un enterrement pour les Frozen Charlotte, mademoiselle Grayson. - Arrêtez immédiatement, ordonna l'enseignante. Je n'ai jamais rien entendu de si macabre. - Mais, mademoiselle Grayson, répondit l'une des jeunes filles, elles aiment être mortes. C'est elles qui nous l'ont dit. »
À peine l'eus-je touchée que je retirai ma main aussi vite que possible, le souffle coupé : la porte était glaciale sous mes doigts. Néanmoins, ce ne fut pas seulement le froid qui me choqua, mais le mal pernicieux qui semblait émaner de la pièce condamnée. Je n'avais pas de mots pour décrire cette sensation, cela aurait été incompréhensible si j'avais tenté de l'exprimer, mais c'était sinistre, horrible, malveillant, et cela me mettait mal à l'aise. »


Le second extrait se trouve à la fin du deuxième chapitre, lorsque Sophie découvre le manoir de son oncle après son arrivée sur l'île. J'apprécie considérablement la justesse des sentiments et des pensées du personnage principal. L'auteure donne véritablement vit à son œuvre.

« Je restai immobile quelques secondes, avant de me retourner lentement vers la porte fermée de la chambre de Rebecca. Je m'en approchai et m'arrêtai devant. Puis je tendis la main pour effleurer la porte du bout des doigts.

À peine l'eus-je touchée que je retirai ma main aussi vite que possible, le souffle coupé : la porte était glaciale sous mes doigts. Néanmoins, ce ne fut pas seulement le froid qui me choqua, mais le mal pernicieux qui semblait émaner de la pièce condamnée. Je n'avais pas de mots pour décrire cette sensation, cela aurait été incompréhensible si j'avais tenté de l'exprimer, mais c'était sinistre, horrible, malveillant, et cela me mettait mal à l'aise. »

Comme vous avez sans nul doute pris conscience, EMMURÉES nous plonge au cœur d'une atmosphère angoissante. Alex Bell choisit chacun des termes qu'elle emploie avec soin pour produire un véritable décor horrifique. L'intrigue est menée d'une main de maître, l'ascension graduelle de la tension dramatique induit le lecteur dans une véritable transe littéraire. Les descriptions parlent d'elles-même permettant une véritable visualisation et une perception d'une atmosphère particulièrement sinistre et presque palpable. Le manoir se dresse devant nos yeux avec à ses fenêtres des personnages complexes et torturés qui donnent une dimension psychologique transcendant notre esprit. Les personnages sont recherchés et leur portrait psychologique approfondi et déployé à l'extrême pour offrir une réalité des travers humains. Les symboles foisonnants renvoient à une culture de l'horreur avec des poupées maléfiques, des fantômes et des parties de jeux macabres. Le roman est intéressant dans l'exposition des conséquences du passé sur le présent et de leurs impacts sur un futur qui entre de concert avec une certaine fatalité.

Abordons le sujet de notre personnage principal ; une adolescente déterminée se nommant Sophie. Sophie doit affronter la perte d'un proche et l'apparition de phénomènes inexplicables. N'importe qui se serait laissé abattre, mais le courage et l'audace de Sophie en font un personnage exceptionnel qui décide de relever tous les défis qu'elle rencontre. Elle évolue avec clarté dans cette nouvelle réalité qui s'offre à elle, et malgré la noirceur qui tente de posséder son esprit, son empathie et sa gentillesse se montrent triomphantes. Le roman étant écrit à la première personne, le lecteur est en immersion dans les pensées et les réflexions de Sophie. En ce qui me concerne, j'ai vivement apprécié ce personnage, sa ténacité et son courage m'ont inspirés, d'autant plus que je me suis à plusieurs reprises reconnue en elle.

Je souhaite également évoquer le personnage qui m'a le plus touché ; Lilia. Cette jeune fille élevée par son frère dans l'ombre d'une sœur décédée voit ce que les autres ne font que percevoir. Son ouverture d'esprit et sa clairvoyance ne l'abstiennent pas de devoir affronter ses démons intérieurs. La psychologie de ce personnage est remarquablement recherchée, notamment dans la perception de son corps qu'elle qualifie de « squelette maléfique ». Malgré sa souffrance elle tente l'absolu pour trouver un équilibre et rassembler les pièces du puzzle afin de comprendre les mystères qui l'entourent. Le personnage de Lilia m'a saisi et sa souffrance émue.

J'ai été totalement prise dans l'univers créé par Alex Bell et son jeu de piste macabre. Ce que j'ai le plus apprécié est la dimension visuelle du livre rendue possible par le style de l'auteure. Lorsque j'ai lu ce livre, je voyais les scènes se dessiner devant mes yeux avec précision et je concède être déçue qu'il n'en existe pas d'adaptation cinématographique. Le contenu de ce roman m'a rappelé certains films d'horreur tels que les affaires Warren, mais aussi la série télévisée THE HAUNTING OF HILL HOUSE. J'ai d'ailleurs lu l'intégralité du texte narratif sur un fond musical des Newton Brothers, à savoir les compositeurs des musiques originales du film OUIJA : THE ORIGINS OF EVIL et de la série THE HAUNTING OF HILL HOUSE.


Pour conclure, je recommande fortement ce livre à tous les amateurs d'histoires d'horreur. Il m'a été moi même vivement conseillé par ma mère. Des frissons et des nuits blanches en perspective, vous ne ressortirez pas indemne de cette lecture.





J'ai lu ce roman en début d'année, juste après les fêtes, en très peu de temps tant l'histoire est intrigante et addictive. Je l'ai alors très vite conseillé à mes deux filles sachant d'avance que ce roman ne pourrait que leur plaire... Et ce fût le cas ! Elles l'ont dévoré, à tour de rôle, en très peu de jour.

EMMURÉES est une histoire d'horreur paranormal non sanglante -un genre que j'apprécie particulièrement- qui débute par un très court "prologue" retraçant une scène d'enfants jouant à la poupée qui se passe en 1910. Puis, très rapidement, nous nous retrouvons propulsé dans un café en compagnie de deux jeunes, Sophie et Jay, qui jouent avec une application ouija sur un téléphone portable ...et là, tout va basculer...

Mais ne vous méprenez pas, il n'est question que d'une infime partie du décor ! Juste un début et une ambiance qui va considérablement changer au fil des pages, rendant l'histoire bien plus sombre et angoissante.

J'ai beaucoup apprécié être dans le vif du sujet dès les premières lignes d'autant plus que jusqu'à la fin la tension règne. Je n'ai pas ressenti de moment de répit. Même les scènes les plus anodines renferment une atmosphère inquiétante. 

En plus de créer un paysage morne, l'auteure a su amener une complexité relationnelle oppressante entre les personnages, les rendant ainsi à la fois déroutants et attachants. 

Bien que l'histoire soit assez courte, environ 341 pages, je n'ai pas eu le sentiment qu'elle n'allait pas en profondeur. Toutefois, le dynamisme est de mise dans ce roman. Il a pour but de nous donner des frissons, nous angoisser, aussi les détails contextuels restent assez sobres mais, à mon sens ils sont bien assez suffisants pour ressentir les émotions des personnages, la vision du décor et des paysages.

En conclusion, cette lecture est pour ma part, un coup de cœur. Elle a su me captiver, me faire palpiter du début à la fin. J'ai passé un super moment en sa compagnie. J'avoue que la façon dont l’auteure a manié cette histoire me donne fortement envie de découvrir son dernier roman WATERWITCH.





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